
À peine trois jours après la signature à Washington d’un accord présenté comme une lueur d’apaisement entre Kinshasa et Kigali, l’espoir semble déjà vaciller. Le gouvernement de la République Démocratique du Congo accuse le Rwanda d’avoir rompu les engagements pris, en menant de nouvelles opérations militaires à la frontière. Une situation qui assombrit le climat de confiance pourtant salué par la communauté internationale au moment de l’annonce de l’accord.
Dans une communication officielle, le Ministre congolais de la Communication, Patrick Muyaya, a dénoncé des « tirs en provenance de Bugarama », au Rwanda visant plusieurs localités situées sur l’axe Kamanyola–Uvira, dans la plaine de la Ruzizi au Sud-Kivu. Selon Kinshasa, ces bombardements auraient été accompagnés d’une intensification des offensives menées par le M23, un mouvement que les autorités congolaises continuent d’associer au soutien direct du Rwanda.
Le gouvernement évoque déjà un lourd bilan : des victimes parmi les civils, des infrastructures scolaires et sanitaires endommagées et des milliers de personnes contraintes de fuir. Pour Kinshasa, il s’agit d’une « violation manifeste » de l’accord de Washington et d’un affront à la médiation menée par les États-Unis, le Qatar et l’Union africaine, garants du processus.
Alors que ces accusations ravivent les inquiétudes régionales, elles interviennent à un moment politique déterminant. Ce lundi, députés et sénateurs sont attendus en Congrès pour écouter le discours du président Félix Tshisekedi sur l’état de la Nation. Un rendez-vous désormais dominé par le spectre de cette recrudescence de violences qui met à l’épreuve la fragile dynamique diplomatique amorcée à Washington.
Par Ben AMSINI
