
À l’heure où la République Démocratique du Congo traverse l’une des périodes les plus sensibles de son histoire récente, le Président Félix-Antoine Tshisekedi est attendu ce lundi 8 décembre 2025 devant le Parlement réuni en Congrès pour son discours sur l’état de la Nation. Un exercice républicain devenu cette année un moment de vérité. Sept ans après son arrivée au pouvoir, alors que s’ouvre la seconde moitié de son second mandat, la Nation s’interroge sur les orientations futures : sécurité, économie, diplomatie, enjeux sociaux et humanitaires. Autant de fronts sur lesquels le Chef de l’État devra clarifier sa vision.
La question sécuritaire reste le cœur brûlant de l’actualité. Malgré l’état de siège instauré en Ituri et au Nord-Kivu, les groupes armés ADF, CODECO et AFC/M23, conservent des positions stratégiques. Si un nouvel accord de paix a été récemment entériné à Washington, les tensions restent palpables et l’impact sur le terrain demeure incertain. Dans ce climat fragile, la Nation attend du Chef de l’État des orientations décisives, notamment sur la conduite des opérations militaires, les alliances régionales et l’avenir du cessez-le-feu soutenu par le Qatar.
Sur le plan économique, le pays affiche des avancées encourageantes mais encore fragiles. Les programmes conclus avec le FMI et la Banque mondiale, évalués à près de 2,9 milliards de dollars, visent à consolider les réformes et à accélérer la diversification. Le budget 2026, en hausse notable, traduit une ambition tournée vers les infrastructures, les secteurs sociaux et l’industrialisation. S’ajoute à cela l’accord stratégique conclu avec les États-Unis, présenté comme un levier majeur pour sécuriser les minerais critiques et développer les grands projets industriels. Mais la volatilité du franc congolais et la faiblesse structurelle des recettes publiques invitent à la prudence.
Enfin, la situation humanitaire, les défis sanitaires persistants et l’appel croissant à un dialogue national reflètent l’urgence d’un cap politique clair. Plus de 21 millions de Congolais ont besoin d’assistance, tandis que les violences dans l’Est aggravent la pression sur les structures de santé. Sur le front politique, plusieurs confessions religieuses plaident pour un dialogue inclusif, une perspective que le Chef de l’État conditionne à son propre calendrier. C’est dans ce contexte mêlant incertitudes et attentes immenses que la voix de Félix Tshisekedi est attendue : une allocution qui devra rassurer, rassembler et tracer la voie d’une sortie durable des crises.
Par Ben AMSINI
