
À Washington où la diplomatie américaine met en scène ce jeudi 04 Décembre une nouvelle tentative de rapprochement entre la RDC et le Rwanda, un travail plus discret, mais décisif se révèle en arrière-plan. Alors que Donald Trump s’apprête à réunir Félix Tshisekedi et Paul Kagame autour de deux accords majeurs, le patient tissage opéré par le Togo et le Qatar apparaît comme l’un des fils conducteurs de ce dialogue fragile. Leur influence longtemps tenue à distance des projecteurs a pourtant permis de maintenir vivante l’idée d’un apaisement dans la région des Grands Lacs.
Médiateur désigné par l’Union africaine, Faure Gnassingbé incarne cette diplomatie douce mais tenace. Ces derniers mois, le président du Conseil du Togo a multiplié les échanges confidentiels, naviguant entre Kigali, Kinshasa et les capitales partenaires pour éviter que les tensions ne s’enlisent dans un face-à-face sans issue. Sa présence à Washington n’a rien de symbolique : elle atteste du rôle essentiel d’une voix africaine capable d’inspirer confiance et de rappeler aux protagonistes l’urgence d’un retour à la raison politique, malgré les combats persistants dans l’est de la RDC.
À cette influence africaine s’est superposée celle, plus silencieuse encore du Qatar. Fort de son réseau diplomatique étendu, Doha a œuvré comme co-médiateur dans la construction du cadre de paix proposé par Washington. Son intervention a permis d’assurer la continuité des discussions, de maintenir la pression pour une désescalade et d’embarquer dans le processus des partenaires souvent hésitants. La signature prévue ce jeudi 04 Décembre du pacte économique conclu en novembre et de l’accord de paix de juin s’inscrit ainsi dans une architecture patiemment élaborée par Washington, Lomé et Doha.
Reste que l’écart demeure grand entre la diplomatie et les réalités du terrain. Les affrontements récurrents entre les FARDC et le M23, les accusations croisées et l’absence de certains acteurs-clés du conflit rappellent combien le processus demeure fragile. Pourtant en réunissant ces trois pôles d’influence Afrique, Golfe, États-Unis autour d’un même objectif, la rencontre de Washington porte l’espoir d’un nouveau souffle pour une région éprouvée depuis près de trois décennies. Un souffle que la communauté internationale scrutera avec prudence, mais aussi avec l’espoir d’un avenir moins tourmenté.
Par Ben AMSINI
