À Kinshasa, capitale vibrante et symbole culturel de la RDC, l’innovation a pris le pas sur les rythmes de la rumba le temps du « Village des Opportunités », une initiative portée par le Ministère de la Jeunesse pour mettre en lumière les talents et projets émergents du pays. L’événement a rassemblé des entrepreneurs issus de secteurs variés, désireux de convaincre investisseurs et partenaires. Parmi eux, le Dr Mifanga Giresse, patron de SAKILOIM PHARMA et docteur en sciences pharmaceutiques de l’Université de Kinshasa, a présenté une gamme de produits médicaux entièrement fabriqués au Congo.
Le chercheur a tiré la sonnette d’alarme sur la dépendance du continent africain vis-à-vis des importations pharmaceutiques majoritairement en provenance d’Inde. « L’industrie mondiale du médicament pèse 1 200 milliards de dollars. Pourtant, l’Afrique ne couvre que 3 % de sa propre consommation », regrette-t-il, rappelant qu’en RDC à peine trois médicaments disponibles en pharmacie proviennent de laboratoires nationaux. Pour lui, cette fragilité expose le pays à des risques majeurs : « Et si demain un désaccord diplomatique bloquait nos importations ? Avions-nous les moyens de répondre à nos besoins essentiels ? »
Afin d’inverser cette tendance, le Dr Giresse s’est engagé dans la création d’une industrie pharmaceutique locale capable de produire des traitements innovants adaptés aux réalités congolaises. À travers SAKILOIM PHARMA, il développe des solutions issues de la biodiversité nationale, allant de la régénération des nerfs optiques à de nouveaux médicaments tels que SAKI-NAZO, conçu pour remplacer des produits importés jugés moins performants. Il appelle les jeunes à « rompre avec la paresse intellectuelle » et à investir dans la recherche, estimant que « la RDC peut produire jusqu’à 30 % des médicaments mondiaux » grâce à ses ressources naturelles.
Lauréat du Forum du Génie Scientifique congolais, le Dr Giresse aligne déjà plusieurs médicaments homologués : SAKI-NAZO (anti-sinusite), SANIER-VS (contre l’anémie), SAKI-LEUCD (collyre traitant le leucome), SAKI-GASTRO (anti-ulcéreux), SAKI-OTITE (contre les otites), SANIER-H (antihémorroïdaire) ou encore MIL-2S (antidrépacytaire). À travers son travail, il défend une vision simple mais ambitieuse : faire émerger une médecine « Made in Congo », capable non seulement de répondre aux besoins nationaux, mais aussi de porter haut l’ingéniosité scientifique congolaise sur la scène internationale.
Par Ben AMSINI
