
Alors que la communauté internationale s’apprête à accueillir à Washington une rencontre décisive entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame sous l’égide des États-Unis, l’est de la République Démocratique du Congo continue de s’enliser dans les violences. Dans les provinces du Sud-Kivu, du Nord-Kivu et du Maniema, les combats entre les Forces armées congolaises et les groupes armés de l’AFC/M23 se sont intensifiés, révélant la fragilité des engagements de cessez-le-feu obtenus à Doha. Les accusations mutuelles entre Kinshasa, la rébellion et Kigali montrent combien la diplomatie peine à suivre le rythme d’une situation militaire en constante détérioration.
Dans ce contexte tendu, les autorités congolaises dénoncent une série de violations répétées des engagements sécuritaires, tandis que l’AFC/M23 accuse les forces loyalistes d’être à l’origine de l’escalade. Les affrontements recensés autour de Kaziba, Katogota, Luvungi ou encore Masisi témoignent de l’ampleur du bras de fer. Cette reprise des hostilités met à rude épreuve les initiatives de médiation menées ces derniers mois par le Qatar et les États-Unis, censées ramener un minimum de confiance alors que les opérations diplomatiques approchent d’un tournant historique.
Depuis Belgrade, où il s’adressait à la diaspora, le président Tshisekedi a rappelé ses lignes rouges : aucun brassage ni mixage des combattants issus des groupes armés, un contrôle strict des miliciens se réclamant de la nationalité congolaise, et un refus clair de normaliser les relations tant que la présence militaire rwandaise n’aura pas cessé. S’inscrivant dans une vision panafricaniste assumée, le chef de l’État assure privilégier la coopération régionale, mais à condition que la paix soit d’abord restaurée et que la confiance revienne. Pour lui, l’intégration économique en discussion à Washington ne saurait précéder la sécurité.
À la veille de la rencontre américaine, les médiateurs soulignent pourtant une avancée : la RDC et le Rwanda ont paraphé le cadre d’intégration économique régionale qui prévoit notamment la neutralisation des FDLR, la levée progressive des mesures défensives rwandaises et la construction d’un partenariat économique autour de la transformation des minerais. Mais sur le terrain, rien n’annonce une diminution des tensions.
L’enjeu de Washington sera donc de transformer des engagements politiques encore théoriques en une dynamique concrète de paix durable. Une tâche d’autant plus cruciale que la stabilité de l’ensemble de la région des Grands Lacs en dépend.
Par Ben AMSINI
